02/06/2023
Le projet de l'usine Bridor à Liffré a été abandonné mais il est bon de lire ce témoignage pour comprendre la réalité de l'industrie du pain et des viennoiseries
Témoignage d’un jeune qui a travaillé 5 jours à Bridor Servon : « Je commente rarement sur facebook mais là je souhaitais le faire, car j'ai travaillé à Bridor et comme celles et ceux qui sont allés travailler quelques jours, quelques semaines dans cette usine, nous savons que les emplois proposés chez l’usine Bridor ne sont souhaitables pour personne!.. Qu’est-ce qu’on fait à Bridor ? Pendant 8 heures, on peut plier en quatre des pâtes à pain qui arrivent par milliers sur un tapis roulant, pendant 8 heures, on met des petits pains surgelés dans un carton, pendant 8 heures on nettoie des tapis, pendant 8 heures on torsade des viennoiseries, pendant 8 heures on a les yeux sur un tapis pour s’assurer que les viennoiseries vont être dorés du bon sens. On ne parle pas à ses collègues, les cadences infernales nous en empêchent, les bouchons d’oreilles aussi. On ne va pas aux toilettes, on attend la pause au bout de 4heures. On travaille dans le froid entre 0 et 5 degrés, sous les néons. Travailler sur les lignes de production de Bridor, déteriore la santé de celles et ceux qui y travaillent, impose des tâches répétitives, une perte de sens dans le travail, enlaidi le paysage servonnais avec des entrepôts toujours plus haut. Les viennoiseries de chez Bridor font concurrence aux boulangers et boulangères, qui contrairement à l’industrie agro-alimentaire, font vivre le cœur des villes, et permettent de vivre d’une activité qui a du sens, parce que le boulanger effectue les différentes étapes de fabrication d’une viennoiserie, parce que le boulanger sait à qui il vend ses produits. Bridor produit 4 milliards de viennoiseries par an, mais produire autant et aussi vite, détruit toujours plus d’emplois qu’il n’en génère. Enfin, Bridor c’est une entreprise qui exporte des milliers de viennoiseries dans plus de 90 pays, donc des milliers de camions frigorifiques qui roulent toute l’année. On est donc loin de la sobriété énergétique, très loin de la relocalisation de notre alimentation, très loin de ce que devrait nous imposer l’urgence climatique. Bridor veut maintenant s'implanter à Liffré, mais nous sommes nombreux à ne pas le souhaiter. Faire l'expérience en tant que travailleur dans cette usine en affirme d'autant plus la conviction. Face à l'industrialisation du monde, vive l'artisanat, et les artisans boulangers ! »